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Saison 2022-2023 Billetterie

Carte blanche à Mohamed Kacimi

Présentation de la carte blanche 

  La saison culturelle 2022/2023 du Lavoir Moderne Parisien ouvre un cycle que nous avons choisi d’intituler « habiter le monde ». Dans ce cadre Mohamed Kacimi, son œuvre et son parcours se sont imposés, tout comme la collaboration avec le Studio Théâtre de Stains. L’homme a parcouru le monde. Sa plume en a livré un regard clairvoyant, une parole acérée, révélatrice. A l’instar et aux côtés d’Ariane Mnouchkine, Patrice Chéreau, Jean-Michel Ribes, Jean François Bizot, pour ne citer qu’eux, il engage la puissance de son écriture pour que d’autres puissent voir le monde et mieux le comprendre, pour que d’autres encore puissent à leur tour, de leur voix et de leurs mots, dire leur monde. Le Studio Théâtre de Stains entre dans ce voyage lorsqu’en 2012, Marjorie Nakache met en scène « Babylone City » et « Tous mes rêves partent de Gare d’Austerlitz », c’est le début d’une complicité passionnée. À travers cette carte blanche co-construite avec le Studio Théâtre de Stains, le Lavoir Moderne Parisien est heureux de saluer à la fois l’écrivain, son œuvre et ceux et celles qui ont partagé son parcours.

Édito de Mohamed Kacimi

  Écrire pour le théâtre, c’est apprendre à jouer avec le feu. Écrire pour le théâtre c’est remuer le couteau dans la plaie des publics que les scènes coupent souvent du feu qui couve dans la Cité. Écrire pour le théâtre c’est faire voler en éclats le quatrième mur qui sépare la scène non pas du public, mais du réel et du monde.  De « 1962 », pièce écrite sur la guerre d’Algérie jusqu’à « Congo Jazz band », sur le colonisation du Congo, passant par «  Tous mes rêves partent de Gare d’Austerlitz », sur la condition carcérale des femmes, toutes mes pièces sont nées de  la volonté d’aller au feu, de prendre le risque d’écrire à tombeau ouvert, comme ce fut le cas du scandale suscité par la pièce sur Merah, qui,  loin de faire l’apologie du terrorisme, mettait à nu  la pathologie d’une  maladie religieuse qui fait croire  aux jeunes que pour être aimé de Dieu, il faut mettre à mort les hommes.  Aussi, j’ai toujours tenu à confronter mon écriture à la réalité de terres où le théâtre n’est pas une affaire de sortie, mais une question de vie ou de mort. D’où mes séjours à Gaza, Jérusalem, Damas, Beyrouth, Kinshasa, Bagdad, Kigali, Aden, Alep, Alger…. Avec les Grecs, le théâtre est né à ciel ouvert, pour permettre aux hommes de haranguer, librement, les Dieux sur les malheurs qu’ils infligent à la Cité. Il faut écrire pour retrouver le gout de ces étoiles d’Eschyle oubliées et faire entendre sur scène les orages qui s’abattent sur Port au Prince, Kiev ou Kinshasa. Je remercie le Lavoir Moderne de m’ouvrir ses portes et de me donner l’occasion de faire entendre ces textes qui ont marqué mon parcours. Le Lavoir Moderne est l’un des rares lieux à Paris, où l’on ne fait pas du théâtre en marchant sur des œufs, en claquant des dents, ou en détroussant les compagnies. C’est un lieu rare et irremplaçable qui vit, et se met, tout à son honneur, en danger chaque jour en entretenant ce goût du risque qui fait le théâtre et que les théâtres, bien lotis, ne savent plus prendre. Je suis heureux d’être soutenu dans cette aventure par mes amis du Studio-théâtre de Stains, un “Théâtre Monde”, comme l’aurait aimé Glissant, qui m’accueillent depuis tant d’années et me donnent à chaque fois, la rage, le bonheur et l’envie de foutre le feu à la baraque, avec un grand éclat de rire. Mohamed Kacimi